mardi

 

Chapitre 2.1:

Quand Suzanne et les autres avaient rencontré Lucas, ils pensaient avoir tout connu et pouvoir s'attendre à tout, mais quand ils arrivèrent dans la cachette secrète qu'avait construit le père du garçon ils se retrouvèrent à nouveau dans un univers totalement inconnu qui leur insufflait surprise, émerveillement et surtout de nouvelles questions. Une bonne vingtaine de machines dont la nature et l'utilité échappaient totalement aux trois nouveaux venus, étaient étalées les unes contre les autres, formant un cercle autour des humains, cachant presque totalement les parois de l'abri. Mais ce paradis scientifique se révélait être un véritable enfer pour le cerveau, un bourdonnement incessant et énervant envahissait l'endroit de part et d'autre alors que les yeux se faisaient aveugler par les mille clignotements lumineux diffusés par les diodes rattachées aux engins. Le sol était dur et semblait être fait d'un mélange de pierre et d'acier, et d'où semblait s'échapper un léger courant frais. Lucas guida ses nouveaux compagnons vers une petite porte qui s'ouvrait sur une salle dans laquelle était entreposé un stock immense de boîtes de conserves et autres vivre déshydratés, il y avait aussi des lits et tout le confort nécessaire à une maison pour être habitable…
 "Je pense que, à part savoir la raison de votre présence ici, votre seule envie et préoccupation doit être de faire un brin de toilette et manger, si vous passez cette porte vous arriverez vers de couloir menant respectivement à deux salles de bains… Dépêchez-vous." Dit le jeune garçon en désignant la porte en question.
Comme s'ils avaient attendu cela toute leur vie Allen et Suzanne se précipitèrent vers l'endroit désigné pour pouvoir enfin se débarrasser de la crasse et de la sueur emmagasinée depuis leurs deux jours de marche sous le soleil tandis que Akiro les regardait bêtement s'éloigner préférant attendre son tour calmement, ce n'était pas une dizaine de minutes en plus sans se laver qui allait changer grand-chose. Lucas observa le Chinois, il se demandait ce qu'il faisait la, il n'était pas prévu dans le plan de son père, et où pouvait bien se trouver la deuxième fille, Sakura ? Le manieur d'armes à feu savait qu'il devrait se débarrasser au plus vite de ce garçon faiblard, car premièrement il ne faisait pas parti du plan et deuxièmement il ne ferait que les ralentir et les conduire vers une mort certaine. Il avait déjà une idée de la méthode à employer, tellement de monstres traînaient dans le coin la disparition de son corps serait très simple à expliquer et même si c'était triste il serait bien vite oublié...
Après que chacun se soit décrassé, le petit groupe s'installa en cercle pour enfin comprendre toute l'histoire, une boite de fruits en conserve dans les mains, se servant directement à la main dans le contenant froid qui les avait tant fait rêver.
Lucas leur expliqua ce que son père lui avait expliqué sur la machine, ce monde, la cachette, les monstres et surtout leur objectif : reconstruire une humanité terrienne dans un monde nouveau. Ce dernier point surpris tout le monde, même Akiro qui pencha la tête, la bouche entrouverte pleine de questions muettes que Suzanne, qui comme à son habitude devança tout le monde, posa à sa place mais d'une manière bien différente de celle qu'il aurait voulue.
"En clair on est ici pour s'envoyer en l'air et mettre plein de gamins au monde pour que notre race ait une chance de survivre? C'était même pas pour nous sauver ? Mais il avait quoi dans sa tête ton père ? ! Je suis la seule fille en plus, il m'a pris pour quoi, une traînée?"
Lucas tenta de la calmer…
"En fait, une autre fille est censée arriver."
"Me voilà rassurée, vous voulez y aller un par un ou me sauter tous dessus ? Je penche pour la deuxième option c'est un de mes plus grands fantasmes…" Persifla la jeune femme en écartant les bras et en roulant des yeux. Allen lança un regard noir à l'assemblée faisant bien comprendre que personne ne toucherait sa protégée.
"De toute façon nous sommes coincés ici, donc ce qui importe c'est de survivre ou alors de trouver un moyen de rentrer chez nous même si je ne vois pas encore comment nous pourrions faire." Murmura une voie inconnue.
Les jeunes gens sursautèrent et se tournèrent vers celui qui avait parlé, une personne qui n'avait pas ouvert la bouche depuis bien longtemps et qui était elle-même surprise de ce que sa bouche avait laissé échapper. Plaquant ses mains sur son visage, le Chinois fit des yeux horrifiés, comme si ses propres paroles étaient un changement trop intense et surprenant pour être supporté.
"Mais c'est fabuleux ! Notre camarade asiatique à retrouver l'usage de la parole !" S'enthousiasma le jeune Anglais en tapotant l'épaule de son ami.
"Tu vas pouvoir nous dire qui tu es." Lança le plus jeune, inquisiteur.
Akiro se présenta alors, expliquant ses origines et son histoire, ainsi que son arrivée dans ce monde, ce qui permit à Lucas de comprendre l'absence de celle qui se révéla être en fait la sœur de l'intrus, il y avait donc eu un problème durant l'opération avec son père, il se rappela ensuite qu'il avait tiré dans l'ordinateur qui gérait le transfert de ses futurs compagnons, c'était peut-être la cause de cette erreur technique… Peu importait, ce nouveau personnage qui n'était pas prévu restait un poids mort pour l'équipe et il faudrait s'en débarrasser de n'importe quelle manière que ce soit.
Le reste de la journée fût utilisé par chacun pour expliquer sa propre histoire, pendant que l'un parlait les autres se restaurèrent et buvèrent jusqu'à n'en plus pouvoir, et lorsque la nuit chassa le jour, la fatigue tomba comme un coup de poing, ne laissant pas d'autre choix aux adolescents que de se laisser aller au sommeil. Des lits de camp furent étalés au sol et tout le monde s'endormit rapidement sans toutefois laisser son esprit aller à une dernière pensée, Allen se demandait s'il serait à la hauteur de la confiance du père de Susan alors que cette dernière manqua de vomir en pensant à la reconstruction de l'humanité, Akiro pensa à sa sœur décédée qui l'avait tant attendue et Lucas pensa à la mort, terrible, qui planait au-dessus d'eux, il devrait la faire patienter et quoi de mieux que de jeter de la viande aux tigres pour gagner du temps? Akiro serait le repas parfait.

Aux premières lueurs de l'aube, le cadet du groupe s'occupa de réveiller ses nouveaux compagnons qui maugréèrent de ne pouvoir se reposer d'avantage, mais ils retrouvèrent rapidement leur peps lorsqu'on leur annonça qu'ils allaient rencontrer d'autres humains.
"Mais...je pensais que nous étions seuls? N'est-ce pas d'ailleurs pour cela que ton père voulait que nous recréions l'humanité?" Demanda Suzanne non sans laisser transparaitre le rouge d'une fureur à moitié contrôlée sur ses joues.

Lucas ne la regarda même pas lorsqu'il lui répondit, s'habillant tranquillement de son côté.
"Tu verras bien vite par toi même pourquoi il vaut mieux pour nous de recréer des humains plus terriens. Mon père avait ses raisons, les miennes sont que nous ne pouvons vivre au milieu de ces autres êtres humains. C'est d'ailleurs pourquoi je suis enterré ici."
L'explication était peu claire, mais personne ne s'attarda vraiment sur la question, il y avait des choses d'autant plus importantes sur lesquelles se concentrer.
Le manieur d'armes à feu avait enfilé sous une longue veste grisatre et délavée, un tee-shirt extrêmement fin qui semblait ne faire qu'un avec sa peau, lui offrant une flexibilité et une liberté de mouvement quasi parfaite; il glissa dans son pantalon noir, qui lui était ample et souple, un pistolet dont le canon était beaucoup plus fin que le reste de l'arme, un Luger Parabellum à la crosse écaillée. Il s'équipa aussi d'un sac à dos noir lui aussi qui semblait bien lourd mais ne devait surement pas contenir des friandises.

Les autres remirent simplement leurs vêtements de la veille que Lucas avait veillé à nettoyer à l'aide d'une des machines conçues par son père, un lave-linge ultra-performant, atteignant une vitesse optimale pour une faible consommation d'énergie. Allen et sa protégée récupérèrent leurs sabres tandis que le Chinois, comme à son habitude, les observait tranquillement.
Le fils Kahn conseilla à chacun de prendre son téléphone portable en expliquant que son père avait installé dans l'abri une puissante antenne radio à EHF (extrêmement haute fréquence) qui agissait de la même manière d'un réseau privé et s'étendait sur une distance tellement énorme que le scientifique n'avait pas encore su où il s’arrêtait. C'était grâce à cette antenne que le message et le système de guidage avaient été transmis. La pointe de la technologie pour une poignée d'enfants en somme...
Quand tout le monde fut enfin prêt, Lucas ouvrit la trappe camouflée et laissa les autres s'extirper un à un de l'abri avant de les suivre pour finir par refermer correctement l'accès. 
"Nous devrons nous diriger par le nord, expliqua le garçon en pointant une direction boisée, après avoir passé ces arbres nous arriverons à la ville de Kens'enserrah, je n'ai pas compris d'où provenait ce nom débile, là-bas notre objectif sera de récupérer de l'équipement pour chasser les monstres qui viendront roder autour de l'abri, pas seulement pour nous protéger, car l'abri nous protégerait même d'une attaque nucléaire mais aussi parce que leur viande exotique est délicieuse et que les fruits ne suffiront pas à nous nourrir. C'est compris?"
Son ton avait été autoritaire, mais même si cela ne plaisait pas à Suzanne, il fallait se rendre à l'évidence que pour le moment c'était lui le chef du groupe et qu'il fallait le suivre, les jeunes gens se mirent donc en route vers la civilisation.

La plaine qui avait été aride la veille, était à présent bercée par un léger vent frais qui n'était pas déplaisant, promesse d'un voyage agréable.
Akiro se laissait porter par l'air et trottinait joyeusement aux côtés de Suzanne qui ne pouvaient s’empêcher de laisser un sourire carnassier s'étendre sur son visage, impatiente d'affronter une des créatures de ce monde alors qu'Allen restait en retrait, le visage impassible, réfléchissant aux multiples façons de protéger sa bien aimée. Au premier rang, Lucas ouvrait la marche, montrant la route à suivre, d'un pas correctement rythmé, sans montrer le moindre signe de fatigue, parfaitement concentré sur ce qui l'entourait.
"Suzanne, est-ce que toi aussi ton âme vibre?" Interrogea tout à coup Akiro l'air de rien.

La jeune femme sursauta, il était toujours aussi surprenant d'entendre la voix du Chinois, si enfantine, comme si le temps n'avait réellement jamais eu prise sur lui, comment pouvait-on le voir comme un adulte? Il donnait envie qu'on le protège...
"Tu veux dire quoi par là? Ton ventre gargouille? Tu as faim?"
Le garçon se toucha la joue, ouvrant les yeux bien grands, l'air totalement surpris, cette mimique donna envie à Suzanne de le serrer contre elle jusqu'à ce qu'ils meurent mutuellement d'étouffement, mais elle se contint, ce n'était pas dans ses habitudes d'avoir de tels élans d'affection et ce n'était pas maintenant que cela allait changer.
"Non! Non! Cria le jeune garçon. Mais tu vois, c'est comme..."

Le garçon se rapprocha de l'Anglaise pour lui murmurer innocemment:
"C'est comme les...les papillons, mais des plus grands! Et qui sont toujours là, ils te crient à l'intérieur de te libérer! Tu sais bien de quels papillons je parle, ceux dans ton ventre quand tu regardes Allen."
Le paysage alentours sembla d'un coup se figer, la jeune femme ne vit plus que les yeux du Chinois, malicieux, pures, qui la fixaient et sondaient au fond d'elle, comment pouvait-il savoir..? C'était tout à fait absurde. Et comme pour répondre aux questions de Suzanne, la voix d'Allen apparut en écho dans son esprit, hurlant dans tout son corps un seul mot... Son prénom.
"Suzanne, mon dieu! Attention!"
Le temps repris d'un coup son corps, l'adrénaline explosa et se répandit, incendiaire, dans le corps de la fille qui ne put réagir assez vite et elle faillit finir décapiter, n'eut-ce été Akiro qui attrapa la jeune femme dans ses bras et la serra de toute ses maigres forces. Le geste pouvait semblait bien inutile et pourtant, la distance qui les séparait de leur ennemi se raccourci et la créature, un Mantis, perdit l'équilibre en heurtant le Chinois ce qui leur sauva la vie.
Allen se précipita, lame zébrant l'air pour frapper d'une ligne parfaitement droite, la créature qui perdit la vie sans un bruit, laissant quelques secondes son sang planer dans l'air.

"Akiro! Tu vas bien?!" Cria l'aînée en secouant le pauvre garçon totalement désarçonné par ce qui venait de se produire.
"Oui...oui..." Balbutia-t-il en attrapant les bras de son amie pour qu'elle arrête de l'agiter comme une furie.
"Bordel! Ne refais plus jamais ça!! Tu as failli mourir! Mais qu'est ce qu'il t'a pris?!" Hurlait-elle furieuse.
Un coup de feu interrompit cette scène pathétique, c'était Lucas, le bras levé vers le ciel et l'arme au poing qui avait tiré.
"Ça suffit. Nous sommes arrivés. Tout le monde va bien, c'est le principal."
En effet, devant eux s'étendait une large muraille de pierre délimitant le commencement de la civilisation!

lundi

Chapitre 2.2: 

Avant la pierre, vint le bois... L'on travaillait cette ressource naturelle pour en faire des outils très utiles, mais aussi des protections efficaces. Pourtant ce n'était pas infaillible, la moindre flamme mettait en péril la structure protégée, la piégeant dans un brasier mortelle, étouffant. Les penseurs de ces jours furent bien obligés de s'adapter, et vint le temps de la pierre qui s'éleva vers le ciel, prête à affronter toutes les attaques imaginables, immuable en un sens. Bien évidemment rien n'est infaillible mais c'est ce qui est resté pour la ville de Kens'enserrah, une immense muraille faite de ce matériau solide au possible, émerveillant les yeux qui se posaient sur elle tant elle criait aux visiteurs, de par sa majestuosité, sa hargne et sa volonté à défendre la ville. Malgré tout, on pouvait voir ça et là des effritements et impacts de projectiles dont la nature inconnue ne laissaient pourtant aucun doute au fait que de nombreuses batailles avaient fait rage par ici.
Bien que Suzanne et Lucas restèrent de marbre face à la muraille face à eux, les deux autres membres du petit groupe s'extasiaient devant un tel travail militaire qui avait dû prendre au moins un quart de siècle à se faire...
"Quand nous arriverons aux portes de la ville, laissez-moi faire. Je vous avais expliqué que les humains d'ici étaient différents, vous allez très vite comprendre pourquoi..." murmura Lucas en prenant son Luger en main.
La seule femme du groupe laissa échapper un regard inquiet en direction de son confrère Anglais, la nécessité de l'arme ne laissait rien présager de bon.

Akiro restait, quant à lui, toujours aussi silencieux, plongé dans une forte introspection.
Arrivés à quelques mètres des larges portes lourdes faites de bois et d'acier, le manieur d'armes à feu mis ses mains en porte-voix et interpella une présence invisibles:
"Hey! Vous, aux portes! Ouvrez!! Ou je refais tout sauter comme la dernière fois!"
Son regard fixait un point imprécis sur la muraille et son ton menaçant et glacial achevait de donner du garçon la représentation d'un adulte froid et implacable. 
Pourtant malgré cette menace, le silence le plus total s'installa et ne fut brisé que quelques secondes plus tard par une explosion, semblant provenir du haut des portes. D'un mouvement fluide et incroyablement rapide, Allen se glissa devant Suzanne et la repoussa en arrière d'un grand coup de coude alors qu'il plaçait son sabre de gauche vers le bas, paume de la main vers l'avant, se protégeant de la garde du sabre. Tout cela n'avait duré qu'un dixième de seconde.
"T'es malade!" hurla la jeune femme tombée par terre, en rage.

Mais son expression changea lorsqu'elle vit le sabre tomber au sol, brisé au niveau de la garde, en millier de morceaux dont l'un d'eux était un petit objet métallique qui devait être une balle venant d'une arme à feu, en même temps qu'Allen s'effondrait au sol en tenant son bras de sa main droite, elle ne le voyait que de dos, mais le visage du garçon reflétait une intense souffrance sous la forme d'une grimace crispée. Lucas avait assisté à la scène d'un œil calculateur, les réflexes du jeune Anglais avaient été impressionnants...il avait fait ses preuves. Il dressa son arme vers la muraille et tira, il n'avait pas pris la peine de viser, calculer l'origine du coup de feu avait été simple grâce à la trajectoire qu'avait parcouru le projectile; son doigt pressa la détente, déclenchant l’inflammation de la poudre que contenait l'arme, l'explosion qui suivit projeta une fusée miniature dorée qui alla se ficher à l'intérieur même de l'arme qui les menaçait un peu plus tôt, la traversant de part en part pour la rendre hors d'usage avant de stopper sa course dans la main droite de son porteur qui poussa un cri de souffrance terrible qui résonna à des lieues de là.
"Ils devraient nous ouvrir maintenant." dit simplement Lucas en s'avançant vers la construction de bois qui, en effet, s'ouvrit devant lui, découvrant une rangée d'hommes en armures fines constituées de cuir et de bronze finement ouvragé, le visage caché par un masque blanc portant pour chacun des symboles différents à la signification encore inconnue. L'un d'entre eux, dont l'armure se voulait plus imposante s'approcha et héla Lucas d'une voix profonde et grave:
"Tu as dépassé les bornes cette fois Ank'hi! Tu as failli tuer un de mes hommes!"
Sans se laisser démonter, l'interpellé répondit glacialement:
"Cela ne serait pas le premier qui périrait sous mes tirs, capitaine. De plus, je tiens à vous signaler que vous avez tiré sur l'un de mes équipier qui, s'il n'avait pas eu un réflexe aussi parfait que celui là, serait sûrement mort. Et je ne peux me permettre de perdre cet élément précieux de mon équipe."
Secouant la tête, l'autre se tourna vers ses hommes et cracha des mots dans une langue inconnus qui ressemblait à des sifflements, et ceux-ci dégainèrent leurs armes, des armes à feu de toutes sortes, en passant du simple revolver au fusil d'assaut.
Lucas se mit à rire en voyant cela, mais Suzanne, qui avait attrapé Akiro dans ses bras alors qu'Allen s'était redressé et avait dégainé son autre sabre, ne voyait pas cela d'un bon œil du tout, elle n'aurait pas été contre une bonne bagarre, mais il s'agissait d'armes à feu dans un nombre trop grands pour les mettre toutes hors d'état avant que l'un d'entre eux ne soit blessé voir tué...surtout ce pauvre Akiro...
"Aucun Ank'hi ne rentrera! Faites demi-tour où vous mourrez."
Lucas semblait très confiant mais son sang bouillonnait en lui, ses calculs rapides le menait à la même pensée que Suzanne: ils ne s'en sortiraient pas, du moins pas indemne.

Le Chinois, semblant sortir d'une longue torpeur ouvrit ses yeux en grand, frappé par une révélation mystérieuse, et se dégagea de l'étreinte de la jeune femme pour se précipiter vers le capitaine masqué alors que toutes les armes étaient braquées sur lui. Suzanne voulut le rattraper mais Allen leva son arme pour l'empêcher d'avancer et elle lui cracha quelques jurons étouffés... Lucas, lui, observait l'asiatique courir vers une mort certaine, satisfait de ne pas avoir à se donner la peine de la provoquer.
Pourtant personne ne tira. Le garçon s’arrêta à quelques centimètres du capitaine et fixa le visage, ou plutôt là ou il devait se trouvait, de ce dernier.
La rosace noirâtre qui parcourait le masque étincelant de blancheur était faites de courbes gracieuses et on aurait pu croire à un entrelacs artistique de lianes, en regardant correctement cette peinture étrange on pouvait distinguer deux point sombres, deux trous, permettant au porteur du masque de voir. C'était cela que fixait Akiro, et avec une telle intensité qu'on aurait pu croire qu'il tentait de percer le crâne de l'homme de son regard. Les deux Anglais ne voyaient pas ce qu'il se passait, mais le fils Kahn remarqua que les pupilles du faible garçon avaient pâlies, jusqu'à devenir d'une transparence quasi-lumineuse, perdant toute nuance de couleur, l'océan s'était purifié pour devenir un ciel sans nuage, respirant la tranquillité, le calme et la joie de vivre. Le capitaine fut parcouru d'un frisson, secoua la tête, se retourna vers ses hommes et lâcha deux mots, eux aussi incompréhensibles, qui les fit baisser leurs armes et se disperser dans la ville.
"Ne faites pas de conneries que vous regretteriez une fois à l'intérieur." murmura-t-il aux Terriens avant de faire demi-tour lui aussi pour s'enfoncer dans la ville.
Le manieur d'armes à feu était stupéfait, était-ce ce faiblard aux yeux bridés qui avait fait ça? Ce ne pouvait être que ça! Ses yeux avaient changés subitement, pourtant ce n'était pas explicable scientifiquement donc tout à fait impossible... Peut-être qu'au final, ce crétin de capitaine avait-il fini par être attendri par le Chinois et n'avait pas voulu faire couler le sang.

Suzanne donna tout à coup un grand coup de pieds dans le dos de son majordome qui s'étala au sol et elle en profita pour accourir auprès du jeune asiatique qui semblait être entré dans une nouvelle transe, elle le prit dans ses bras et enfoui sa tête dans son cou. Il avait les yeux fermé et elle cru l'entendre murmurer "les papillons"...
"C'est quoi cette histoire?!" explosa soudain Allen en se relevant avec l'aide de son sabre de droite, son bras gauche semblait blessé à la manière dont il le laissait retomber.

"Pourquoi on nous a attaqué de la sorte?"
Lucas rangea le Luger à sa place et se détourna pour répondre.
"Pour les gens d'ici nous sommes des Ank'hi. Après quelques recherches, j'ai découvert que dans leur langue il s'agissait de genre de démons. Ils arrivent à sentir que nous ne sommes pas comme eux et ça leur fait peur. Les premiers jours tout s'était pourtant à peu près bien passé mais ils ont eu quelques soucis par la suite... Des conflits avec des territoires ennemis, des épidémies, ce genre de tuile. Et la dernière fois ils m'avaient accusé de provoquer tout cela. La religion est une si bonne chose, résoudre les problèmes en accusant les gens différent de provoquer le mal. Bref, vu qu'ils me refusaient l'entrée je n'ai eu d'autre choix que de forcer l'accès. Cela a été assez violent, malheureusement. Et aujourd'hui je reviens avec d'autres Ank'hi, ce n'est vraiment pas bon pour eux. Ni pour nous, à vrai dire. Enfin, ce qui compte c'est que nous avons libre accès à la ville."
Suzanne le fusilla du regard.
"Nous dire tout cela avant aurait pu être plus utile! A cause de toi on a failli tous y passer!! Abruti!"
"Mais personne n'est blessé. Et comme nous avons plus important à faire, cessons de parlementer sur le passé et agissons pour notre survie."
La jeune femme voulut répliquer mais Allen prit les devants.
"Il a raison. Même si je n'aime pas ses manières. Nous ne devons pas perdre de temps, qui sait s'ils ne vont pas changer d'avis à l'intérieur, nous aurons tout notre temps pour nous disputer après."
Ainsi, tout fut dis et malgré la colère qui électrifiait l'atmosphère, chacun se dirigea dans la ville...le souvenir de la prouesse étrange d'Akiro s'effaça des mémoires, et le ciel reprit une apparence d'océan, un océan agité par le battement d'ailes de millier de papillons.


Lucas avait eu le temps qu'il lui fallait pour imaginer le plan qui ferait disparaitre Akiro. Il suffisait de profiter des conflits entre les humains et cette autre race étrange... Un camp se tenait non loin d'une des sorties de la ville réputée pour être un véritable coupe-gorge. Le garçon n'aurait aucune chance.
Dans un grand sourire complice qui ne lui allait pas du tout il donna ses instructions.

"Voici des pièces d'or, le nombre d'unité est gravé dessus, cela sera simple pour vous de les utiliser. Suzanne et Allen vous irez dans la rue de gauche, vous devriez tomber rapidement sur un artisan forgeron, le plus réputé de la ville pour remplacer le sabre qui a été brisé et acheter ce dont vous pourriez avoir besoin pour vous défendre à l'avenir. Je m'occuperai de l'allée centrale pour ce qui est des provisions, la nourriture locale est spéciale et vu mon expérience il vaut mieux que je m'occupe de choisir nos futurs repas. Quant à toi, mon garçon, tu iras dans les quartiers de droite, c'est l'endroit le plus sécurisé de la ville donc tu t'en sortiras parfaitement, il faudrait que tu trouves un médecin pour récupérer des kits de survie, au cas où l'un de nous finirait blessé. Demande lui aussi une attelle pour le bras de l'Anglais. Mais il te faudra aller loin pour le trouver... Il est dans une maison aux abords de la ville, à l'extérieur. Mais cette zone est on ne peut plus sécurisée par les nombreux gardes qui y circulent. La porte est toujours ouverte en journée vu qu'elle est de toute manière difficile d'accès pour des personnes ne traversant pas la ville."
Akiro sourit en retour et hocha la tête pour faire comprendre qu'il acceptait sa mission avec joie et s'enfuit dans la direction indiquée avant que Suzanne ne proteste sur le fait qu'il soit seul.




48 heures après la disparition d'Akiro.

"On n'aurait jamais dû le laisser partir seul!! Je savais qu'il ne s'en sortirait pas!" hurla Suzanne le visage ravagé par les larmes.
Allen restait muet, il n'avait jamais vu celle qu'il aimait se laisser emporter ainsi par ses sentiments.
Lucas réprimait du mieux qu'il pouvait un sourire carnassier et laissa tomber la sentence:

"Cela fait deux jours. On ne le retrouvera jamais. Akiro est mort. Je suis désolé."
Le ciel s'assombrit subitement, un orage terrible se préparer et c'était certain qu'il durerait un bon moment...

dimanche

Chapitre 2.3: 

Quelle surprise avait eu Akiro lorsqu'il comprit enfin comment libérer les papillons en lui, cela était si simple, il lui avait suffit d'être à l'écoute de lui même.
Il ne comprenait pas exactement le fonctionnement de cette capacité extraordinaire que cela lui avait procuré mais il se sentait enfin complet, il arrivait par un simple échange de regard à provoquer le plus pur et le plus sincère sentiment amoureux qui pouvait exister chez une personne. Lui ne partageait pas cet amour, ce qui était bien plus pratique.
Mais le mieux était le fait qu'il pouvait effacer ce sentiment aussi facilement qu'il le faisait apparaitre, ainsi aucun mal n'était fait.
Le garçon aux yeux bridés suivit les instructions de Lucas à la lettre, il sortit par la porte comme convenu, l'endroit était sous haute surveillance et les gardes qui trainaient là lui jetèrent un regard intrigué à son passage...
Devant lui s'étendant une large clairière, il n'avait pas d'autre alternative que de passer par là puisque la zone alentour était faite de ravins des plus dangereux.
Mais aucun médecin ne se trouvait là...à la place, il rencontra une bande de créatures mi-humaines mi-animales, des loup-garous comme nous les aurions appelés de nos yeux d'êtres terrestres mais moins affreux et effrayant que l'on aurait pu les dépeindre, ils étaient en tout point semblable à l'Homme: la posture, la gestuelle, la manière de s'exprimer, la musculature, la physionomie en elle-même. Ce qui était différent était la pilosité forte, noire et la tête de loup dont les yeux scintillaient d'une rare intelligence.
Leur comportement pouvait s'y apparenter aussi, agressifs et sournois, ils attaquèrent le pauvre garçon qui ne put se défendre, ses yeux n'eurent qu'à peine le temps de luire qu'il se prit un coup sur le sommet du crâne et sombra dans les abysses de l'inconscience.

***
"Je pense que nous y sommes..." soupira le garçon aux cheveux noirs.
Devant lui s'étendait Kens'enserrah, la ville fortifiée. Il n'avait jamais vu si grande muraille mais après tout il n'était ici que depuis quelques jours et il ne doutait pas que d'autres merveilles l'attendait. Le soleil commençait à se coucher, et l’ocres emplit le ciel se mêlant à ce qui était, il y a peu encore, du bleu. Le jeune homme secoua la tête, ils n'était pas ici pour faire du tourisme, il avait une mission, et le seul moyen d'accéder à soin objectif était de traverser la forêt... Oui, il entendait les appels de l'artefact au loin, et ne pouvait donc pas se tromper, c'était la bonne route. 
"Nous devrions nous presser, l'artefact ne nous attendra pas éternellement."
Le garçon acquiesça vivement de la tête et se remit en route.
Un seul détail le gênait...une telle ville devait être remplis de Gras. Même dans ce monde la société était désagréable.
"Gabriel, seul l'âme peut prétendre être riche... Qu'importe les biens."
Venant d'un fantôme, Gabriel se dit qu'on ne pouvait s'attendre qu'à ce genre de réplique.

***

Lorsqu'Akiro se réveilla, sa tête le faisait atrocement souffrir, et le bourdonnement dans ses oreilles lui laissait comprendre qu'on l'avait assommé mais qu'il était encore en vie. Avait-il rêvé? La cage à peine assez grande pour lui s'asseoir dans laquelle il se trouvait ne le menait qu'à une seule conclusion, et pas des plus réjouissante... Pourtant il garda son calme, se frotta le crâne et s'assit pour voir où il se trouvait. Il n'était visiblement pas seul, puisque autour de lui étaient réunis en cercle d'autres de ces loups-garous, habillés de bijoux et de pagnes, ce qui lui rappela le dieu égyptien Anubis. Face à lui, celui qui semblait le mieux habillés, ornés d'un long collier de multiples rubis et affublé d'une large couronne d'or et de pierreries, doté d'une musculature impressionnant et d'un charisme aussi sauvage que l'animal qu'il représentait, ne laissait pas place au doute quant à son rang dans le groupe, c'était lui le chef. Il prit d'ailleurs la parole en voyant que le Chinois s'était éveillé, sa voix rauque emplissant le peu d'espace qu'offrait la sorte de tente dans laquelle ils se trouvaient.
"Stupide humain. Je te trouve bien présomptueux pour avoir osé t'aventurer sur notre territoire. Ton jeune âge ne nous empêchera pas de te mettre à mort. Ce sera au contraire un bel exemple à donner à tous les autres de ton espèce, par ton sang tu feras comprendre que la survie n'est qu'une question de soumission. Mais pour autant ton égo humain sera des plus comblé puisque c'est moi qui vais réduire ton âme en miettes... Peu d'humains ont eu le privilège de périr entre les mains du roi des Canins."
Encore sonné, le jeune garçon eut un peu de mal à assimiler tout ce qu'on venait de lui dire... Pourquoi allait-on le tuer? Qu'avait-il fait de mal? Le roi des Canins? Qu'est-ce que cela voulait dire? Les autres allaient se demander où il était passé... Lui-même ne pouvait répondre à cette interrogation. Il lui fallait filer et vite.
Il se tourna vers l'un des membres de la caste et le fixa dans les yeux, relachant les papillons en lui pour forcer son regard à percer l'âme.
"Vous ne pouvez pas laisser faire ça." souffla-t-il.
La créature, apparemment de sexe féminin au vu du morceaux de tissus qui maintenait fermement une poitrine bien développée, sembla frappée de plein fouet dans l'estomac car elle se recula d'un bond, le regard tremblant, les mains crispées et tous les muscles bandés. Les autres la regardèrent avec surprise alors qu'elle se relevait, le regard fixe, comme perdu dans le vague... Elle attrapa une dague à sa ceinture d'un geste simple mais gracieux, et le pointa en direction de son seigneur.
"Vous...ne pouvez pas tuer ce garçon!"
Le roi découvrit alors des crocs impressionnant, d'un blanc éclatant, qui donnaient l'impression qu'il souriait de manière cynique mais le grognement qui s'échappa de derrière cette dentition était moins rassurant. Les autres Canins firent de même, d'un octave plus bas, laissant la supériorité à leur chef. Elle seule ne saurait jamais faire face à ses compagnons qui devaient être tous parfaitement entrainés au combat.
Akiro fit alors face à un autre Canin, avec le regard du ciel, poignardant son cœur de la dague tranchante de l'amour, puis un autre, et un autre. Il avait maintenant quatre alliés, le roi aussi cruel pouvait-il être ne pouvait pas sacrifier autant de ses sujets qui n'étaient ici qu'au nombre de dix. Ceux-ci se dressèrent à leur tour, arme au poing face au roi.
Pourtant, ce dernier ne se démonta pas, il ricana d'une manière qui n'augurait rien de bon.
"Saloperie de prêtres! On ne peut donc pas vous faire confiance... Vous êtres trop sensibles. Je ne vais pas avoir le choix que d'appeler les soldats pour mettre fin à cette rébellion."
Puis il ponctua sa phrase d'un jappement aiguë qui devait être l'appel pour demander des renforts. Et, en effet, un groupe de soldats armés de lances de fer et habillé de plaques de métal arriva aussitôt dans la tente, ils étaient seulement cinq, un peu maigre pour des renforts mais il fallait avouer que le peu de place qu'offrait la tente n'aurait pas suffit pour accueillir tout un bataillon. Cela sembla pourtant irriter le seigneur qui s'exclama:
"Bon sang! Où sont les autres troupes!?"
Les soldats se regardèrent gênés de ne pouvoir donner une réponse à leur chef.
"Incapables! ...qu'importe. Arrêtez-moi ces prêtres, ils ont voulu attenter à ma vie, retardant le sacrifice de cet humain... Et je déteste attendre."
Au moment où les soldats s'approchèrent des prêtres rebelles, un souffle de vent ouvrit la porte de toile de la tente, révélant l'arrivée d'un visiteur.
Ce n'était pas un Canin, ou du moins il était habillé différemment, une lourde et solide armure rouge sang faites de plusieurs plaques d'acier assemblées les unes sur les autres dont la seule touche réellement décorative était ces traits noirs peint sur les plaques des bras s'allongeant jusqu'aux épaules en se torsadant, le tout surmonté d'un casque rouge métallisé comme celui d'un samouraï mais dont le visage était caché par une plaque de métal noire avec seulement deux trous au niveau des yeux mais trop fins pour distinguer les pupilles de la personne derrière. Autour du cou de l'armure était joints deux bras musclés de petite taille, raccrochés aux épaules au-dessus desquelles une tête aux cheveux extrêmement courts et noirs, aux traits fin de ceux qu'on voit chez les enfants et pourtant tirés comme ceux qu'on voit chez les plus malheureux d'entre nous, observait avec intensité la situation qui se présentait devant elle...

"Bonsoir, je me prénomme Gabriel. Je tenais à m'excuser d'avoir eu à ôter la vie de vos hommes mais ils ont préféré la guerre à la discussion. Je me permet donc de réitérer ma demande... Je cherche la couronne du seigneur de ces lieux, je n'en ai besoin que pour quelques secondes, et il serait très aimable de votre part d’accéder à ma demande."
Le silence qui suivit cette demande surprenante et inattendue fut presque comique, et Akiro aurait rit s'il ne sentait pas qu'autour de lui la tension augmentait et que la patience du roi venait de fondre comme du beurre au soleil; ce dernier se redressa d'un coup et cracha dans un jappement terrifiant:
"Cette fois c'en est trop! Tuez-moi ces humains et ces prêtres! Que ce chaos prenne fin...maintenant!"
Le gamin sur l'armure secoua sur la tête et s'adressa à son porteur en bougonnant.
"Tu vois, même si je parle comme eux avec toute la politesse que je peux avoir, les Gras restent des Gras, humains ou non."
Et il sauta par devant son compagnon, face aux soldats qui se mirent en garde, et plongea sa main dans...du vide! Sa main venait de disparaître dans l'espace, devenant invisible aux yeux...mais il la fit réapparaitre rapidement, la sortant de ce trou invisible, accompagnée d'un épée à double lame, ce genre de bâton avec deux tranchants aux extrémités, très difficile à manier en apparence mais dont le porteur semblait parfaitement se servir vu la manière dont il le fit tournoyer autour de lui.
"Il est temps d'en finir avec ça." murmura-t-il avant de s'élancer d'un bond.
Le réflexe premier des soldats fut de frapper vers leur ennemis, qui, par un habile jeu de jongle de son arme, bloqua le coup d'un coté de son épée pour frapper de l'autre, bondissant ainsi d'ennemi en ennemi, slalomant entre les prêtres qui n'eurent pas le temps de dégainer ou même de prévoir son passage pour frapper et finit par arrêter sa course face au seigneur des lieux. Les soldats étaient encore debout quand il atteignit sa cible puis tombèrent, genou au sol, une plaie béante à l'abdomen. Gabriel ne se retourna même pas et fit une légère courbette face à son ennemi.
"Votre Majesté, je me permet de vous emprunter votre couronne."
Akiro vit les yeux du chef des Canins s'illuminer, emplit d'un orage terrible qui ne se calmerait qu'en assouvissant son besoin de destruction, de sang. 
Il étendit ses mains griffues de chaque coté, comme prêt à implorer une quelconque divinité de le pardonner pour le massacre qu'il allait causer, le bracelet d'or à son poignet droit s'illumina alors et coula le long de son bras, ignorant la gravité, se glissant jusqu'à son coup, en une petit boule d'or qui se projeta en avant et se métamorphosa en une lance de cristal dont le bout servant à frapper se terminait en une large pointe entourée de deux croissant d'or repliés vers l'intérieur comme un W mortel. Cela n'avait pris que deux secondes au bracelet pour se transformer.
Dès que la lance retomba dans ses mains, le roi frappa en une violente rotation Gabriel qui para comme il pût le coup qui le projeta en arrière, le forçant à faire une pirouette pour ne pas tomber.
Les soldats Canin voulurent prendre part au combat mais une puissante main de métal les retint.
"Je suis votre adversaire."
Et la main en question se suspendit quelques instant en l'air, les doigts se replièrent sur eux-même, l'avant-bras prit de l'élan avant de s'élancer droit en avant pour faire s'écraser le poing ainsi formé sur le museau de l'un des gardes qui retomba au sol, sonné.  
Avant que quiconque ne réagisse, l'armure replia à moitié ses genoux, fit pivoter son pieds droit sur le sol et fit suivre aussitôt à son corps le même mouvement de rotation tout en prenant soin de lever sa jambe gauche qui envoya au tapis le pauvre Canin qu'elle percuta.
Le Chinois, replié dans sa cage observait, éberlué, la tournure que les évènement prenaient. En quoi cette couronne était-elle si importante, le collier de rubis devait avoir bien plus de valeur... Les pierres étaient plus nombreuses et plus grosses que sur la couronne, sans être un expert en bijouterie il était facile de comparer la valeur des deux objets.
L'armure avait encore donné un coup parfait sur l'un de ses adversaire qui voltigea sur la cage d'Akiro qui se renversa alors qu'il poussait un cri de terreur. Il n'arrivait plus à garder le contrôle sur les prêtres qui perdirent leur sentiment et se mirent à leur tour à attaquer le garçon à l'épée qui fut rapidement secouru par le samouraï rouge qui dégagea de larges coups du tranchant de la main la zone qui entourait le combat entre celui-ci et le roi des Canins.
Combat extraordinaire car l'un et l'autre n'arrivaient à percer la garde de l'autre pour le toucher, chaque coup donné était paré et seule de légères estafilades de sang s'imprimaient sur la chaire des deux combattant. Ils ne semblaient nullement essoufflés même s'il l'on entendait l'expiration bruyante de l'un et l'autre alors qu'il frappait. Le roi était aussi maître de son arme que Gabriel de la sienne, ce dernier tournoyait, bondissait, alternant vivement chaque extrémité de son arme, s'entourant de spirales floutées de métal à force de jongler tandis que son adversaire tranchait du mieux qu'il pouvait, tentait de planter la pointe de son arme dans le corps du garçon, tournoyait sur lui même, formant une auréole mortelle de deux mètres autour de lui!
Trop accaparé par ce formidable affrontement, Akiro ne vit pas qu'un des soldats s'était réveillé et s’apprêtait à planter son arme pour enfin finir le sacrifice commencé par son chef, ce qui n'échappa pas à l’œil de Gabriel qui, d'un saut, rejoignit la cage et fit un coup latéral qui trancha la tête dudit soldat. Le Chinois ouvrit des yeux choqué en voyant la tête animale tomber devant lui alors qu'une gerbe de sang s'écrasait sur lui, le marquant du rouge sensuel de la mort. Il retint tant bien que mal un vomissement de dégout et réprima du mieux qu'il pouvait le souvenir de sa sœur et celui de Zarnar dévoré par un des monstres de ce monde... Il tressaillit, en voyant une petite marre de sang se former entre les barreaux au sol, le sang du décapité qui n'arrêtait pas de couler par dessus son épaule. Perdant tous ses moyens, Akiro se relâcha complètement et sombra à nouveau dans un mutisme.
Gabriel, lui, n'avait pas perdu de temps, il planta son arme entre la plaque de bois qui avait servi de toit à la cage, et l'un des barreaux puis tira de toutes ses forces, le bois cassa et le garçon aux yeux bridés fut libre, il se glissa rapidement hors de la cage et tenta de s'enfoncer dans un endroit de la tente où il y avait moins de corps et où les combats ne faisaient pas rage.
Il vit que l'armure se démenait au mieux contre les prêtres et les soldats qui avaient réussi à se relever, les occupant comme il pouvait afin de laisser le champ libre à son équipier, mais sans arme, il ne poussait qu’assommer ou frapper jusqu'à ce que mort s'en suive.
Le garçon à l'épée bloqua une frappe verticale de son adversaire, et profita du temps d'inaction du roi pour lui donner un puissant coup de pied dans le thorax ayant pour effet de le faire basculer, tête renversée, en arrière... La couronne s'envola de son crâne, rapidement suivie par Gabriel qui sauta pour l'attraper. Son doigt frôla l'objet de métal, ce qui eût pour effet de faire comme arrêter le temps durant une demi-seconde. Durant ce court laps de temps, l'air trembla doucement, puis de plus en plus fort comme si tout explosait aux alentours...et tout redevint normal. Vif comme il l'était, le roi des Canins frappa du plat de sa lame le crâne du garçon qui s'étala au sol et n'eut que le temps de se retourner pour voir son ennemi, l'arme en l'air, prêt à frapper...
La suite fut incroyable.
Un garçon d'une chétivité telle qu'il tenait à peine sur ses jambes bondi au devant de cette attaque mortelle pour protéger l'autre humain de son corps.
Les yeux d'Akiro luisaient comme jamais, de la volonté de ceux qui tente le tout pour le tout, tentant de percer la carapace de l'âme de cet être sauvage qui lui faisait face.



Pourtant...ce fut son âme qui éclata.